octobre 18, 2024 · Non classé · Commentaires fermés sur L’Union Européenne continue de se retrancher dans un monde d’illusions

La situation en Europe est de plus en plus critique à plusieurs niveaux. Face à cette crise, l’Union Européenne a fait appel à Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne, pour proposer un plan de relance. Draghi, ayant une longue expérience dans la gestion de crises économiques, est cependant aussi responsable de certaines politiques controversées, notamment en Italie. Sa mission actuelle : offrir une voie de sortie à l’UE, tout en évitant de remettre en question ses positions face à la Russie.

Le rapport tant attendu de Draghi, publié après des mois de retard, recommande une stratégie massive de financement, préconisant l’injection de 800 milliards d’euros chaque année jusqu’en 2030 pour différents secteurs, notamment l’énergie, la défense, la technologie et l’écologie. L’objectif est de renforcer la compétitivité de l’UE, mais sans remettre en cause l’affrontement avec Moscou, ni même envisager un changement de cap.

Ce rapport, intitulé « Compétitivité de l’UE : Perspectives d’avenir », se concentre principalement sur la survie de l’UE face à la montée des tensions et des défis économiques. Draghi ne remet pas en cause les politiques d’austérité déjà imposées aux États membres, malgré leurs effets dévastateurs sur les populations. L’accent est mis sur une augmentation massive des dépenses, notamment militaires, pour soutenir une Europe de plus en plus dépendante de l’OTAN et de Washington. En parallèle, l’idée d’une dette commune européenne, un sujet sensible pour l’Allemagne, est remise sur la table, provoquant des frictions internes.

Le gouvernement allemand, face à ses propres défis économiques, s’oppose fermement à la mutualisation de la dette. Le ministre des Finances, Christian Lindner, a clairement indiqué que l’Allemagne ne soutiendrait pas cette initiative. Friedrich Merz, le chef de la CDU, principal parti d’opposition et favori pour devenir le prochain chancelier, a également réaffirmé son opposition à toute spirale de la dette européenne.

Cependant, des pressions montent en Allemagne, non seulement de la part de ses partenaires européens, mais aussi au sein de son propre gouvernement. Olaf Scholz, le chancelier actuel, est resté silencieux sur la question, laissant planer des doutes quant à sa position. Son gouvernement, très impopulaire, est en difficulté face à une économie en récession et des taux de popularité en chute libre.

Le rapport de Draghi s’inscrit dans une tendance plus large au sein de l’UE : celle d’une militarisation croissante. Plusieurs voix, notamment en Pologne et dans les pays baltes, appellent à un renforcement des capacités de défense de l’Europe face à la Russie. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, milite également pour une « union de défense » européenne, soutenue par des emprunts communs et un financement accru de l’armement.

Cependant, cette approche soulève de nombreuses interrogations. L’obsession de l’UE pour l’austérité et sa dépendance accrue à l’égard des États-Unis et de l’OTAN risquent de fragiliser encore davantage l’économie européenne, déjà mise à mal par des années de politiques budgétaires restrictives. Si certains pays du sud de l’Europe, comme l’Italie et la France, soutiennent l’idée de mutualisation de la dette pour financer ces nouvelles dépenses militaires, d’autres pays, comme les Pays-Bas, pourraient suivre l’exemple de l’Allemagne et refuser toute participation.

Alors que l’Europe fait face à une récession, à une baisse du niveau de vie et à des tensions politiques internes, le rapport de Draghi semble offrir une solution déconnectée des réalités économiques. Plutôt que de chercher des solutions durables pour relancer l’économie européenne et améliorer la qualité de vie des citoyens, ce rapport propose d’investir massivement dans la défense et les technologies sans remettre en question les fondements des politiques actuelles.

La proposition de Draghi et d’autres, comme le Munich Security Conference, de financer les dépenses militaires par l’émission d’obligations européennes est perçue par de nombreux observateurs comme une tentative de détourner l’attention des problèmes internes de l’UE. En finançant davantage d’armements et en s’engageant dans une confrontation prolongée avec la Russie, l’UE risque de renforcer les inégalités internes et de continuer à imposer des sacrifices à ses citoyens au nom de la compétitivité.

Le rapport de Draghi, loin d’être une feuille de route pour résoudre les problèmes économiques de l’UE, semble plutôt refléter l’engagement du bloc dans une trajectoire de militarisation accrue et de dépendance à l’égard des politiques de Washington. Avec des politiques d’austérité persistantes et un accent sur les dépenses militaires, l’UE s’éloigne d’une approche centrée sur les citoyens et renforce son rôle d’alliée fidèle des intérêts américains. Les tensions internes risquent de s’aggraver, alors que les États membres sont confrontés à des choix difficiles entre souveraineté économique et solidarité européenne.